Laos

Vocabulary

ຫລິ້ນຖົ່ວ/lȉm tʰūaː
ຫວຍ/ຫວຽ
ຫວຍhǔaylottery
ຫວຽhŭaːyraffle, lottery.
ແທງຫວຽtʰɛ́ːŋ hŭaːyplay the lottery.
ຫລິ້ນlȉnto play; to have a good time, to amuse oneself; to joke/to jest
ຖົ່ວtʰūaːgambling game played with cowries.
ຈ້າຍລ່າງcâːylāːŋ(card games) banker
ໂສລະສະsŏː lā sáancient manual on games of chance. Ety:Thai
ກະໂບກká bȍːkgambling game based on odd and even.
ກຳຖົ່ວkam tʰūaːa game played with shells (counting by fours, with the largest remainer winning).
ຄອຽkʰɔ́ːya Lao card game.
ຖົ່ວtʰūaːgambling game played with cowries.
ສະຕົບsá tópgame of cards. (Lao version of gin rummy; in French, l'estop). French
ເລັສຕົບlēt sá tópthe game of cards, l'estoppe, a Lao type of gin rummy. French
ເບັ້ຽໂບກbȋaː bȍːkgambling game of cowries.
ຫລິ້ນເບັ້ຽໂບກlȉm bȋaː bȍːkgame of odds and evens.
ໂບກbȍːkgame of four cowries (black or white).
ໂປpoːa Chinese gambling game played with a die with only four faces used.
ຫລິ້ນຕໍ່ແຕ້ມlȉm tɔː [tom]play a type of card game.
ຫລິ້ນຖົ່ວlȉm tʰūaːplay a gambling game with shells, the remainder after removing shells four at a time, giving a winning number.
ຫລິ້ນໂປlȉm poːa Chinese gambling game.
ເສືອກິນຫມູsɨ̆aː kin mŭːname of a game resembling chess, 'tiger eats pigs' or 'tiger eats cattle' played on a board of 16 squares,
with sixteen pieces to a side, fout tigers, twelve pigs.
ເສືອກິນງົວsɨ̆aː kin ŋúaː

Rapport a Mr Le gouverneur general By J.Taupin (1887) Bulletin de la Société des études indochinoises

Les jeux de hasard sont nombreux ; cependant je crois que les Laotiens en général sont moins passionnés pour ces sortes d'amusements que leurs voisins Cambodgiens, et surtout les Annamites. Les principaux jeux de hasard sont le baquan, les dés, le tourniquet, les cartes, le jeu des trente-six bêtes et enfin les paris, dont une espèceque je n'ai point vu pratiquer ailleurs; les jeux intellectuels et purement récreatifs sont : les échecs, les dames, une sorte de jeu d'oie qu'ils nomment jeu du tigre cherchant à dévorer le porc. Ce jeu consiste à planter un couteau à peu près vers le milieu d'une canne à sucre. Cette canne est dressée debout à une certaine distance des joueurs, qui coupent des fétus de la longueur qu'ils supposent nécessaire pour que leur fétu, ajouté au plus court morceau de la canne, égale le tronçon le plus long. On place tous ces fétus les uns près des autres, sur un tapis et les paris s'engagent. Lorsqu'ils sont terminés, on tranche complètement la canne et l'on compare ; le gagnant est celui qui a eu le coup d'œil le plus juste.

Mission d'exploration et d'étude dans le Laos inférieur By M.J. Taupin (Bulletin de la Société de géographie commerciale de Paris Tome XII 1889)

Les fêtes sont nombreuses et donnent lieu à des réjouissances publiques. La principale est le jour de l'an que l'on célèbre trois fois : le jour de l'an chinois, le jour de l'an siamois, et le jour de l'an laotien. Nous citerons encore la fêtes des fusées, le libations de l'eau du serment. Les jeux sont la boxe, la lutte à mains plates, l'escarpolette, les courses à pied, les joutes de barques, le jeu de la grippe des cocos, la bille, le colin-maillard, le jeu du volant que l'on renvoie avec le pied. La pêche, la chasse, les promenades dans les forêts, sur les rivières, les courses à cheval sont les amusements favoris. Les jeux de hasard en usage sont les dés, le tourniquet, les cartes, le jeu des trente-six bêtes et les paris. Un jeu de paris est particulier au Laos. Il consiste à planter un couteau à peu près vers le milieu d'une canne à sucre. Cette canne est dressée à une certaine distance des joueurs qui coupent des fétus de la longueur qu'ils pensent nécessaire pour que leur fétu, ajouté au plus court morceau de canne, égale le tronc le plus long. On place ces fétus les uns après les autres sur un tapis et les paris s'engagent. L'on coupe la canne et l'on compare, celui qui a le coup d'oeil le plus juste est le gagnant. Les échecs, les dames, une sorte de jeu de l'oie, nomme jeu du tigre cherchant à devorer le porc, sont fort répandus.

Histoire de la police nationale du Laos By J. Deuve (1998)

LA LOTERIE DES 40 BETES ET LA VALISE DU CHINOIS.
...

L'éternel problème des jeux n'a toujours pas trouvé de solution. Les lois continuent de distinguer les "jeux de famille" des autres, mais en pratique la distinction est impossible à faire, d'autant plus que le ministre de l'Intérieur, les chaokhouengs et les chaomuongs conservent le privilège d'autoriser l'ouverture des jeux, à l'occasion des fêtes ou des cérémonies familiales. Comme on joue toujours en haut lieu, chez quelques ministres comme dans certaines salles du Palais, la police est plutôt désarmée, d'autant plus que les tribunaux ont tendance à relaxer les contrevenants, pris lors d'une descente. En cas d'infraction caractérisée, les commissariats, au lieu de rédiger des procédures, se contentent alors d'un procès-verbal et d'une amende dérisoire, eu égard aux sommes jouées.

Les tontines ou la tombola thaïlandaise sont prohibées par la loi mais là aussi, la police est dans l'impossibilité pratique de les réprimer car les fonctionnaires à tous les échelons participent à ces loteries clandestines. Les tontines, en général aux mains des Chinois, réunissent une trentaine de personnes, dont les gains sont proportionnels à la totalité des enjeux La tombola thaïlandaise, dont le tirage est quotidien permet de gagner des sommes importantes, en misant sur les deux derniers chiffres de chaque billet gagnant, tels qu'ils sont annoncés par Radio-Bangkok. Peut-être, plus des trois-quarts des habitants de la capitale y jouent. Là encore, l'organisation est le monopole de Chinois. La police constate que ces loteries provoquent une recrudescence de vols publics ou domestiques, notamment de vols de bicyclettes.

Mais le gros souci est constitué par la loterie des 40 bêtes. En 1951, un Chinois de Hong-kong avait proposé la ferme de cette loterie, à charge pour lui de payer un forfait mensuel de 800 000 piastres au gouvernement. Il avait suggéré d'effectuer des tirages quotidiens et indépendants à Vientiane, à Luang-Prabang, à Savannakhet, à Thakhek et à Paksé. Le gouvernement, intéressé par l'importance du forfait, avait donné son accord. Contre une somme modique, 1, 5 ou 10 piastres, on achète un ticket représentant un animal et, chaque jour, le cadran s'arrête sur un animal. Comme il ya 40 bêtes, le joueur a une chance sur 40 de gagner. Le ticket gagnant est remboursé 40 fois.

C'est un engouement extraordinaire. Un calcul de la police établit que le fermier, toutes dépenses réglées, réalise des gains considérables de plusieurs millions de piastres par mois et que le forfait qu'il verse au gouvernement est en fait, ridiculement faible. Avant même que les six mois du contrat soient écoulés, la police en constate les effets nocifs : les statistiques des délits grimpent en flèche. Pour payer des tickets on vole, on emprunte dans les caisses des administrations, on joue l'argent des impôts, au lieu de le verser au Trésor... Les épouses "font les poches" de leurs maris. Les prêts non remboursés, les emprunts forcés, les indélicatesses conduisent aux disputes, aux coups, aux blessures... Des femmes, qui ont emprunté de l'argent pour jouer et ne peuvent le rendre, n'hésitent pas à se prostituer, à l'insu de leurs époux. La police a connaissance de tels cas, même parmi la haute société.

Le lendemain, le directeur reçoit la visite du fermier de la loterie des 40 bêtes. Il se déclare consterné que la PN ne soit pas favorable à sa loterie, se livre à un plaidoyer arguant de l'important service financier qu'il rend au gouvernement, puis se lève pour partir en abandonnant sa valise", en témoignage de son estime. Ouverte en présence de deux commissaires, elle contient 3 millions de piastres (4 ans de solde...) ! Le directeur éjecte chinois et cadeau et rédige un rapport pour le gouvernement. Le surlendemain le gouvernement renouvelle l'affermage pour 6 mois en mettant en avant l'intérêt financier de l'opération. La valise qui à la connaissance de la police n'a jamais quitté le royaume, a du se perdre quelque part dans l'immensité de la jungle.